22 juin 2014

Le pont du Martrou, le monument préféré des Français ?


Le Pont à Transbordeur du Martrou, à Rochefort-sur-Mer.
Dessin de Gilbert Maurel (dépliant d'accueil du Pays Rochefortais).

Cliquer sur les clichés pour les agrandir.

Florence Troquereau, journaliste à France 2, m’avait demandé de la rejoindre à Rochefort-sur-Mer le jeudi 19 juin dernier afin de parler du pont à transbordeur du Martrou sur lequel je travaille depuis plusieurs décennies.

 Florence Troquereau vient d'embarquer sur la nacelle
pour une première traversée de la Charente.
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Son documentaire doit accompagner le concours lancé par la chaîne France 2 pour désigner le monument préféré des Français, et le Martrou est bien placé pour revendiquer la distinction. Les Français le connaissent puisqu’il ouvrait et fermait Les Demoiselles de Rochefort, le film de Jacques Demy, avec les soeurs Catherine Deneuve et Françoise Dorléac.

L’on m’a invité parce que cela fait longtemps que je me suis passionné pour ces magnifiques ouvrages métalliques inventés à la fin du XIXe siècle par Ferdinand Arnodin.

  L'un de mes ouvrages sur les ponts à transbordeur. 

Arnodin avait son usine à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), la petite ville où, de 1952 à 1956, j’ai suivi mes études au collège. Quand, avec le professeur d’éducation physique, nous nous rendions sur le stade, nous voyions les impressionnants hangars de l’usine où Arnodin préfabriquait toutes les pièces de ses gigantesques mécanos qu’il faisait ensuite transporter sur place par wagons et camions où elles étaient assemblées pour reconstituer le pont complet. Et c’est grâce à cette géniale organisation que le pont de Bizerte (Tunisie), installé en 1898, a pu être entièrement démonté en 1903 pour être remonté à Brest en 1908.

Paul Poirier et l'Association des Transbordés se "battent" pour construire deux ponts à transbordeur modernes ; l'un à Nantes et l'autre à Marseille.
 http://jacques-sigot.blogspot.fr/2008/08/un-nouveau-transbordeur-pour-nantes.html

Ci-dessous, un "merveilleux" projet de pont à transbordeur qui fut proposé pour la ville d'Ostende (Belgique), découvert dans le très riche blog de Michel Wagner.
http://www.timbresponts.fr/articles_et_publications/ferdinandArnodintransbordeurs1.htm


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La première chose que m’a fait expliquer Dame Florence touchait une question de vocabulaire qui interpelle l'instituteur que j’ai été : on ne doit pas dire « Pont Transbordeur », mais « Pont à transbordeur ». En effet, ce n’est pas le pont qui transborde piétons et véhicules d’une rive à l’autre d’une rivière, et surtout d’un fleuve, mais la nacelle mobile que porte ce pont immobile. Cette nacelle, plateau accroché à de nombreux câbles, va d’une rive à l’autre en restant toujours au même niveau des routes qui donnent accès au pont. Lorsqu’il a, en novembre 1887, déposé le brevet de son invention, Ferdinand Arnodin parlait bien d'un « Pont à transbordeur », un pont avec un transbordeur.
Mais la préposition, qui gêne vraisemblablement les locuteurs, a quasiment disparu, et jusque dans l'écrit ; elle est pourtant nécessaire pour comprendre ce que sont ces ponts.

Caractéristiques du pont du Martrou.
- Poids total : 700 tonnes.
- Largeur du débouché entre les deux quais d’embarquement : 139,76 mètres.
- Longueur du tablier : 175,50 mètres.
- Hauteur des pylônes : 66,34 mètres.
- Hauteur libre pour le passage des bateaux (voiliers) : 50 mètres.
- Mesures de la nacelle : 11,50/14 mètres. Le chariot mobile qui se déplace sur le tablier portant la nacelle est monté sur 24 paires de galets.
- Début des travaux de construction : mars 1898 ; inauguration du pont terminé : le 29 juillet 1900.
- Abandonné en février 1967, le pont est classé monument historique le 30 avril 1976. Ce classement le sauve de la démolition quand furent démolis les cinq autres en France : Rouen (automne 1940) ; Bordeaux (inachevé, août 1942) ; Marseille (août 1944) ; Brest (1947) ; Nantes (mai 1958).
- Mars 1990 : commencement des travaux de restauration du pont. La réception de l'ouvrage a lieu le 14 juin 1991.
- Samedi 2 juillet 1994, première traversée de la nacelle que l'on vient de reconstruire.

Mais, "allégé, le pont à transbordeur du Martrou n’est plus ouvert qu’aux touristes, piétons et cyclistes. Celui de Portugalete, près de Bilbao, en Espagne, le premier construit dans le monde (1893), fonctionne toujours comme au premier jour.

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- Quelques photos prises ce 19 juin. Pour moi, une grande première attendue, espérée depuis des années… monter sur le tablier du pont qui traverse la Charente à quelque 50 mètres au-dessus des eaux du fleuve.

 Ma première montée sur le tablier,
plus harnaché qu'un cheval de labour dans ma Beauce natale.

L'escalier dans l'un des deux pylônes 
de la rive droite de la Charente.

France 2 filme les techniciens responsables de l'entretien du pont.


Le tablier du pont sur lequel roule le chariot portant la nacelle.

L'extrémité nord du tablier. A l'arrière-plan, Rochefort.
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 La nacelle à quai rive droite,
le bar du pont et la route venant de Rochefort.
A l'arrière-plan, le massif d'ancrage des câbles retenant le pont. 

 Rive gauche de la Charente, au pied du pont. Au centre, la Maison/Musée du "Transbordeur".

L'ombre du pont entre le tablier et le viaduc moderne.
Entre ce dernier et l'ombre, les vestige de l'ancien pont levant  
démoli après la construction du viaduc.


 La Charente en amont du pont à transbordeur


Redescendons "sur terre" ; Bernard le nacelier nous attend à l'entrée de la nacelle.
                                      
                           
Avant qu'elle ne parle de "son pont", il faut appareiller Mallory, l'accorte hôtesse du lieu... 

   Hugh, le cameraman, filme Mallory
écrivant le programme de la journée sur l'ardoise de la nacelle...

puis dans la cabine de Bernard, le nacelier.

Mais il ne faut pas oublier le travail...
Un important groupe de jeunes cyclistes à l'assaut de la nacelle.

La dernière traversée de la matinée avec des touristes.

 Avant de quitter la magie du Martrou,
regarder passer des bateaux.


Le pont à transbordeur du Martrou sera-t-il premier de la classe au concours de France 2 ? Pour l'instituteur que je fus, c'est assurément OUI.
Et de Nantes et de Marseille de retrouver le leur, dans toute la splendeur de sa modernité.
http://jacques-sigot.blogspot.fr/2008/08/un-nouveau-transbordeur-pour-nantes.html
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vote pour Martrou ! Bon... parce que Jacques est son confident !

Miwag a dit…

Je ne sais si le pont à transbordeur est le monument préféré des français, mais tous les ouvrages édifiés par Arnodin auraient pu l'être et qui de mieux que Jacques, prodigieux chantre des causes et du patrimoine "oubliés", pour nous les remémorer et en parler avec passion...
Bonne continuation l'ami!
Michel W.