22 déc. 2012

Ce ne fut pas Noël pour les cèdres du Mail aux Belles


Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas :
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
                               Pierre de Ronsard

Avant



Maintenant

 
Il est trop tard… les deux beaux et grands cèdres du Mail Aubelle ont disparu du paysage montreuillais. L’automne 2012 leur aura été fatal.
On a dit qu’ils étaient malades, condamnés, et qu’il fallait donc les abattre… On dit que ce sont les travaux effectués ces dernières années sur le mail qui les avaient fragilisés. Mais on dit tellement de choses… Toujours est-il qu’ils ne sont plus.

Quand furent-ils plantés ? Vraisemblablement aussitôt après la création du mail, en 1885, par le maire René-Alcide Aubelle, d’où son nom - modifié parfois malicieusement en Mail aux Belles – en remplacement de l’ancienne Place de la Fraternité qui, pendant la Révolution, jouxtait l’hôpital, à l’intérieur de la muraille de la ville

Au point de vue esthétique, lit-on sur le Net, le cèdre est l’un des arbres les plus remarquables : son fût rectiligne et sa silhouette élancée contribuent à la beauté du paysage.  
Si le premier cèdre fut introduit en France par Jussieu en 1734, il faut plutôt se reporter en 1862, date plus proche de celle de la création de notre mail. C’est Tichadou, l'Inspecteur des Eaux et Forêts, qui introduit alors chez nous l'espèce nord-africaine du genre cèdre.

C’est pu comme avant… comme me disait le père Berson.
Le mail aura beaucoup changé cette dernière décennie. Le monument aux quatre célébrités montreuillaises a quitté la place d’honneur, face à l’école des garçons à qui il devait enseigner la grandeur et la gloire de leurs compatriotes, pour s’enterrer discrètement, amputé de son socle, devant l’entrée de service de la Maison de Retraite où sont maintenant les anciens écoliers d’autrefois. 
Gageons que dans quelques autres décennies, il aura rejoint les abords du cimetière où ils seront tous... ou pour m'y retrouver...

On ne verra plus les chaises alignées devant le kiosque à musique pour un concert improvisé ; les tréteaux dressés pour quelque braderie ou vente publique ; ni les élèves des écoles tournant en footing paresseux autour des arbres sous la débonnaire surveillance de Jean-Michel Adam, pendant les heures de sport au programme scolaire.

« C’est pu comme avant », me répétait à satiété mon très vieux voisin, Jean Berson, né en 1896, soit deux ans avant l’érection du monument aux quatre illustres Montreuillais, lui qui avait connu une autre ville que la nôtre. Il faut bien aller avec son temps ; mais il faudra faire sans les beaux cèdres du Mail aux Belles… Bien sûr que nous continuerons de vivre sans eux, et avons-nous d'autre choix ? Mais dire aujourd'hui la sourde tristesse d'avoir perdu le bonheur visuel qu'ils nous donnaient quand nous passions devant le mail... ou quand nous les découvrions de loin, tant ils savaient se montrer, fiers et - seulement apparemment - éternels.

Traces cicatrices...

- Le plus "petit" : 1,50 m de diamètre, ce qui lui donnait 4,70 m de circonférence.
- Le plus grand :  1,85 m de diamètre, pour 5,80 m de circonférence.











Dans Le Courrier de l'Ouest, le samedi 22 décembre 2012 
         Clicher sur le document pour l'agrandir



Le 30 décembre 2012, Olivier, Suisse et Montreuillais, compte les cernes qui, traditionnellement, correspondent chacun à une année de croissance de l'arbre. 

Il en dénombre 135, certains étant peu lisibles. Ce qui indiquerait l'année 1887, très proche de 1885, celle de la création du mail (voir ci-dessus).

Et puisque l'on parle de beaux arbres, le plus gigantesque que j'aie vu au cours de mes voyages est au Mexique, à Santa Marie El Tule, près du site archéologique de Monte Alban. C'est un cyprès, âgé de plus de 2.000 ans, qui signale le village à son pied ; il mesure 40 m de haut et 42 m de circonférence. Les guides précisent qu'il s'agirait de l'un des plus anciens arbres du continent américain, et vraisemblablement l'un des plus plus vieux du monde.




 
Peut-être moins large de tronc, mais beaucoup plus haut, ce séquoia découvert en juin 2013 dans le Kings Canyon National Park, en Californie. Yves, mon beau-frère, debout à son pied, en donne l'échelle.

Pour les amoureux des beaux arbres, il en reste encore quelques-uns dans notre canton qui ont résisté au temps ou à la vorace tronçonneuse des hommes.
Comme ce chêne qui veille de loin sur la vieille ville, à l'orée de la forêt de Brossay.


ou comme celui-ci, colossal, dans la même forêt de Brossay, dénudé par l'hiver, réhabillé par le printemps...


Mais quittons notre Anjou pour découvrir ceux-ci, jeunes encore, qui se serrent l'un contre l'autre pour protéger une croix, et que viennent de m'envoyer des amis du Bourbonnais. Les arbres, compagnons fidèles de nos cheminements...

                                       
                                                 A Charroux. Photos de Michael Nerlich.

Et pour conclure, l'arbre de l'année 2013, lauréat d'un concours organisé par l'Office National des Forêts et par la Société Milan Nature et Territoire.



20 nov. 2012

Vestiges de l'ancien camp de concentration de Montreuil-Bellay

 Clichés Jacques Sigot, sauf précision contraire.

lundi 26 novembre 2012 à 9, sur France Culture, émission Fabrique de l'Histoire, votre serviteur parlera de son travail d'historien local.

 Cliquer sur les photos pour les agrandir :



L'historien local et Denis Peschanski, l'historien professionnel.
(Photo Yves Lefranc)

 * 
* *

Photo aérienne du site de l'ancien camp,
afin de localiser les ruines présentées ci-dessous.
(Cliché du Net)

Partie du camp construite en dur.

  
Partie centrale de l'ancien camp qui conserve le plus de vestiges.

Etat ponctuel du site de l'ancien camp.

La stèle et la prison vue de l'endroit où se trouvait le poste de garde du camp.

Visites guidées régulières du site par des scolaires ou des adultes.

                           

Ci-dessous : photographies prises au commencement de mes recherches, fin des années 1970.
(Archives personnelles) :
 
- Une pellicule négatif noir et blanc.
Colonnes de l'ancien poste de garde qui se trouvait face à l'entrée principale du camp. L'une couchée et brisée, l'autre encore debout. Ces colonnes ont disparu lors de l'élargissement de la route de quelques centimètres. Petits travaux de voirie qu'elles ne gênaient pas. Volonté de faire disparaître des traces d'une histoire embarrassante ? 

Escaliers de marches qui ne conduisent nulle part, et socle d'un ancien bâtiment en dur, quand certains autres étaient en planches. Ce bâtiment, comme les autres, a été vendu aux enchères par les Domaines en octobre 1946. Certains sont devenus des salles des fêtes dans des communes de la région.

La prison souterraine du camp, le "gnouf". Elle avait été la cave d'une ferme qui a brûlé en 1908. Le seul vestige intact de l'ancien camp ; il reste même les barreaux à un soupirail ; la porte est d'origine.

 Photo qui a servi pour l'annonce d'une exposition en juin 2013 
à la Maison du Souvenir de Mayé (Indre-et-Loire)


- Une pellicule négatif couleurs.


Cet ensemble était à l'époque en dehors de l'enceinte des barbelés. 
Au premier plan, les vestiges d'un grand bâtiment dans lequel logeaient les cadres du camp. C'est dans ce bâtiment que, le 17 septembre 1943, fut arrêté par la Gestapo Jean Renard, sous-directeur du camp, accusé de faire partie du réseau saumurois de Résistance Buckmaster. Il était le chef du réseau local.
Au second plan, un bâtiment dans lequel logeaient des gardiens du camp.

Ci-dessous, trois photos de ce dernier bâtiment, le seul qui ait survécu à la vente de 1946. Il a à son tour disparu, dans les années 1990, lors de l'aménagement, à une centaine de mètres, d'un rond-point routier qu'il ne gênait donc pas non plus !!!...




15 nov. 2012

Scénographie sur le camp de Montreuil-Bellay

Cliquer sur les document pour les agrandir

Sur proposition de Philippe Leduc, graphiste et scénographe professionnel angevin, quatre étudiantes de l'Université Catholique d'Angers ont, dans le cadre de leur master, imaginé la création d'un scénographie d'un musée qui pourrait construit sur le site de l'ancien camp de concentration pour nomades de Montreuil-Bellay.
Ce mercredi 14 novembre 2012, Jean-Jean, fils d'internés du camp, et moi qui avais rencontré ces jeunes filles pour leur expliquer l'historique des internements, avons été invités pour assister à la présentation de cette scénographie.


Les quatre étudiantes présentent le résultat de leur travail.



La maquette réalisée

Plan de l'exposition

Sur les paillasses d'un baraquement, à droite sur la maquette, sont inscrits les noms des différentes populations qui ont subi l'internement à Montreuil-Bellay tout au long de la seconde Guerre mondiale... et même après, des Républicains espagnols, embrigadés dès janvier 1940, pour construire le site, jusqu'aux civils allemands, essentiellement des femmes, jsu'à fin novembre 1945, retenus comme otages ; mais ce furent surtout des Tsiganes qui furent les plus nombreux et qui restèrent le plus longtemps parqués par nos compatriotes dans l'enceinte de barbelés.
Sur la gauche de la maquette, et dans le diaporama projeté ci-dessous, ces marches qui ne conduisent nulle part, seuls vestiges des anciens bâtiments qui interpellent les passants, et c'est par elles que j'ai pris connaissance, au début des années 1980, de ce camp qui avait disparu de la mémoire des Montreuillais et qui n'avait jusqu'alors intéressé les historiens.

 Scénographie

Philippe Leduc remercie et félicite les étudiantes à l'issue de la présentation de leur scénographie.

 Photo souvenir.
De gauche à droite : Karen Huet (Montfort), Floriane Gendrot (Rennes), Jacques Sigot, 
Jean Richard,  Ludivine Gâchet (Montreuil-Bellay), Neli Gancheva (Bulgarie)

10 nov. 2012

Des Tsiganes et de leur internement pendant la Seconde Guerre mondiale


- Voir dans un second blog, une préface pour un ouvrage sur le camp d'Arc-et-Senans

- Classement "Monument historique" d'une partie du site du camp de Montreuil-Bellay.
Cliquer sur les documents pour les agrandir.
      


    Courrier expédié par la DRAC de Nantes le 23octobre 2012.
Ci-desous, le courrier accompagnant la lettre annonçant le classement.






Il s'avère que seules trois parcelles - présentant quelques ruines d'escaliers et de socles de bâtiments - ont été classées, et non pas la partie conservant d'importants vestiges - la prison, le grand ensemble cuisines, réfectoire, réserves, justement ceux menacés par les vaches que le récent acheteur y parque.
Pourquoi ? A ce jour, nous [L'AMCT  L'Association des Amis de la Mémoire du Camp Tsigane de Montreuil-Bellay] n'avons pas d'explications...

La préfecture a annoncé officiellement - lors de la cérémonie d'avril 2012, répété dans le récent documentaire d'Alexandre Fronty - qu'un monument - une oeuvre d'art, a-t-il été précisé - serait érigé sur le site de l'ancien camp avant la fin de 2012.
Dans quelle partie du camp sera-t-il implanté ?

27 sept. 2012

Curiosités montreuillaises

*
Cliquer sur les documents iconographiques pour les agrandir.

              Montreuil-Bellay et sa ville close. (cliché Michel Mercier)

 Promenons-nous dans cette si jolie ancienne ville close de l'Anjou, à la limite du Poitou dont elle fit partie religieusement jusqu'à la Révolution française - quand les diocèses s'identifièrent aux nouveaux départements - et découvrons quelques curiosités particulières qui accrochent le regard du chaland...

Bon jeu de piste, et agréable balade... suivez-moi...

Le Courrier de l'Ouest du 12 septembre 2012 
publie cette promenade dans les rue de Montreuil-Bellay.

A la découverte de 21 curiosités en 21 photos, comme les 21 arcanes majeurs numérotés du Tarot traditionnel, le 22ème ne l'étant pas, numéroté, le Fou ; la folie que cela eût été si j'avais désiré présenter toutes les richesses visibles ou cachées de ma si jolie petite ville, il y en a tant...


*
* *

(Clichés Jacques Sigot)

1 - Les armoiries de la ville sur le monument, mail Aubelle ("aux Belles").

 D’azur à une croix d’or cantonnée de quatre besans de même.
Voir aussi le cliché 20.

Ce monument du mail Aubelle, appelé aussi parfois dans le passé "Mail aux Belles", est dédié à quatre personnalités montreuillaises du passé : René Aubelle (1587-1656), médecin de Louis XIII et de Louis XIV ; Pierre Duret (1745-1825), premier chirurgien en chef de la Marine Française ; Alphonse Toussenel (1803-1885), écrivain fouriériste ; Charles Dovalle (1807-1829), poète.
Ce monument, érigé en 1898, à l'initiative d'Emile Chevalier, notaire à Montreuil-Bellay et écrivain local, se trouvait initialement face à l'ancienne école des garçons construite peu avant, en 1885. Il a été bizarrement déplacé, amputé de son socle, et dressé devant une entrée secondaire de la Maison de Retraite.
Etait-ce pour y suivre les anciens écoliers devenus les vieillards gardiens de l'histoire de la ville ?

*

2 - Sculpture au fronton de la médiathèque, avenue Duret, face au mail Aubelle ("aux Belles"). 

L'immeuble a été auparavant l'école publique des garçons.
Le terrain, à l'extérieur de la ville close, devait être accidenté puisque les archives parlent de remblais considérables qu'il a fallu faire dans la cour et les jardins de l'école. La réception définitive des travaux eut lieu le 9 aût 1885, trois mois après que Mademoiselle de Chevigné eut proposé de construire à ses frais le kiosque à musique sur le mail qui lui fait face. Avant de devenir une médiathèque, cette école de garçons avait pris le nom d'Ecole des Glycines.


*
 3 - Plaque en hommage à Louis XIII, au 185, rue du Bellay.


Le 17 août 1620, Louis le Juste roy de France et de Navarre, a passé par icy retournant du pont de Cé et le XVII may 1621, le roy a derechef passé icy et est allé à Thouars.


Louis le Juste, c'est Louis XIII qui règne de 1610 à 1643, fils d'Henri IV, ce qui explique "de Navarre".
Le journal de Jean Héroard, médecin personnel du jeune dauphin, permet de corriger ce texte plus ou moins fantaisiste.
- Le 17 août, Louis quitte Brissac où il a dormi ; il arrive à 10 h 1/2 à Doué-la-Fontaine. "Le XVIII Mardy. Esveillé à cinq heures et demie après minuict, doulcement... Prie Dieu. A six heures et ung quart, desjuné... Va à l'église. A sept heures, monte à cheval. Part de Douay et en chassant par les chemins à voler les perdreaux, arrive à midy à Loudun pour la deuxième fois."
 - Ce 18 août 1620, et non pas le 17, Louis XIII passe donc par Montreuil, sans doute plus intéressé par la chasse, dont il raffole, que par notre ville qui n’est pas citée explicitement.
 Le mercredi 17 mai 1621 : "A onze heures et demie, monte à cheval. Part de Saumur et arrive à cinq heures à Thouars", écrit encore le médecin de Louis XIII. Encore une fois, Montreuil n’est pas cité bien que le roi y passât obligatoirement.
 - L.-A. Bosseboeuf écrit en 1895 qu’un hôtel de ville est créé à Montreuil-Bellay « par Louis XIII en personne, à son retour de La Rochelle en 1622 ».

Louis XIII semble bien être passé trois fois par notre ville. Cette plaque aurait été posée au XXème siècle par un président de l'Office de tourisme montreuillais.

*

4 - Corniche de la maison au haut de la rue du Tertre.


Un écusson et une date sur le corniche de la maison au haut du Tertre et dont l'entrée donne sur la rue du Marché.
- La date surprend, gravée sans doute sur une corniche nettement plus récente car, au début du XVIIe siècle, il n'y avait pas de corniche sur les maisons ; le bas de la toiture se terminait souvent alors par un coyau qui renvoyait l'eau de pluie loin de la maçonnerie pour la protéger.
- Les initiales de l'écusson peuvent être celles des propriétaires de l'immeuble. Elles encadrent ce qui semble être un Coeur Sacré de Jésus au-dessus d'un croissant de lune. Qui déchiffrera ce symbole ?

  Coeur Sacré de Jésus extrait du Net.


*

5 - Graffiti sur un pilier du cloître du monastère bénédictin, dit des Nobis, rue Georges-Girouy.


Ce graffiti se trouve sur l'un des piliers de l'aile ouest du cloître de l'ancien monastère bénédictin des Nobis bâti entre la rivière du Thouet et le tertre sur lequel se dresse la ville close.
C'est vers 1050 que Grécie, veuve de Berlay II, seigneur du fief, fonde un premier prieuré bénédictin que la tradition populaire appelle "Les Nobis", de Ora pro nobis. En 1098, Berlay III, petit-fils de Grécie, agrandit la communauté en exigeant la résidence de 12 moines.
Le dimanche 28 février 1305, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, est accueilli dans le prieuré de Montreuhl-Berlay aux despens du prieur. Le 5 juin suivant, le dit archevêque est élu pape en Avignon.
Détruit en 1568, pendant les Guerres de Religion, le monastère est entièrement reconstruit à partir de 1710. Jamais achevé, le cloître en comporte que deux ailes. Sa cour intérieure est planté des buis et de deux majestueux taxus bacata (ifs) aux branches parfois bizarrement antées.

*

6 - L'onguent dia-merdis, au 70 de la rue de la Mairie.


Deux personnages simiesques. Pendant que l'un s'exonère, semble-t-il péniblement si l'on remarque la position de ses mains, l'autre malaxe les matières dans un mortier à l'aide d'un pilon.

Voir aussi le cliché 10.
Retrouver la préparation de cet onguent dia-merdis en cliquant sur le lien :   

*

7 - Tourelle de la courtine nord-ouest du château, rue du Boelle. 


L'une des tourelles de la courtine du château qui domine l'ancien Boelle, ou cour basse dans laquelle se réfugiaient les villageois lors des sièges, le seigneur devant, au temps où il était corvéable à merci, protéger son bon peuple à qui il demandait de travailler pour lui.
Un dessin de Gaignière, daté de 1699 - peut-être parfois quelque peu fantaisiste ? - semble indiquer que ces tourelles étaient autrefois couvertes d'un toit conique. D'autres dessins suggèrent la présence de hourds..


*

8 - Immeuble dit Ancien presbytère Sainte-Catherine, impasse Paul-Painlevé, non numéroté.


Sorte de bretèche ornementale accolée au portail d'une importante demeure que l'on dit - sans preuves certaines - être l'ancien presbytère de l'église Sainte-Catherine. Cette dernière, qui a donné son nom au port sur le Thouet, aménagé en 1862, semble avoir été plutôt une petite chapelle située au-dessus de ce port et le long de l'ancien chemin qui allait - rive gauche de la rivière - du Puy-Notre-Dame au Coudray-Macouard, avant que ne fût percée au XIXe siècle l'actuelle grande route de Saumur qui part de la place de l'Etoile. Une croix indique la chapelle sur un plan du XVIIIe siècle.

9 - Fleurs de lys, mur est de l'ancienne église Saint-Pierre, rue Georges-Girouy.


Fleurs de lys subsistant des peintures intérieures de l'ancienne église Saint-Pierre dite des Nobis (décrochement du mur latéral nord). Elles sont de type standard, à feuilles décollées nervurées et à pied unilobe, proches de celle-ci : 

         
                  
La fleur de lys est l'une des quatre figures les plus populaires avec les multiples croix, l'aigle et le lion.  et Le lys se retrouvera ainsi sur les monnaies des villes ayant Marie pour patronne dès avant 1000, mais il serait faux d'en faire un signe presque uniquement marial de même qu'il est impossible d'y voir celui du pouvoir en soi. Comme symbole de l'élection divine, le lys symbolisera les élus de Dieu, ceux qui accèderont à la Jérusalem céleste. (Wikipédia)

Les ruines romantiques de l'ancienne église paroissiale, au pied du tertre sur lequel s'étale la ville close, indiquent l'emplacement du bourg primitif né à proximité d'un gué sur la rivière du Thouet.
Si l'abside conserve encore quelques beaux chapiteaux historiés de pur style poitevin (voir les clichés 11 et 19) qui datent de l'époque romane de son érection au milieu du XIe siècle - sur l'emplacement d'une plus ancienne chapelle -, les autres murs rappellent les dommages subis et les reconstructions successives.
Au XVe, l'humidité du coteau contre lequel elle s'appuyait provoque son effondrement. Rebâtie par les d'Harcourt et consacrée en 1484, elle est incendiée par les Huguenots en 1568. De nouveau restaurée, elles est désaffectée le 23 mai 1810 parce que trop vétuste et dangereuse. Le culte est alors transféré dans la collégiale du château, dans la ville haute. En 1843, elle devient carrière de pierre.

10 - L'onguent dia-merdis, au 70 de la rue de la Mairie.


L'homme de science, à la barbe d'un sage - l'apothicaire ? - et un livre dans la main, surveille l'opération de la fabrication de l'onguent à la merde du jour.

Voir aussi le cliché 6.
Retrouver la préparation de cet onguent dia-merdis en cliquant sur le lien :

11 - Chapiteau des deux langues, abside de l'ancienne église Saint-Pierre, rue Georges-Girouy. 


Voir aussi le cliché 19 et l'historique du site au cliché 9.

Une autre piste très riche...

Ce chapiteau, rare dans les églises romanes, est bizarrement abondamment présent, sous différentes représentations (voir ci-dessous), dans les ruines de Saint-Pierre.
Il y a déjà ces deux rinceaux qui sortent de la gueule du monstre, dualité qui peut évoquer l'ambiguïté du Christ "bienveillant aux bons, redoutable aux méchants", d'après saint Jérôme (Zodiaque, Lexique des symboles). 
Le tailleur de pierre du Moyen Age peut aussi rappeler aux fidèles que l'homme est naturellement hypocrite et qu'il pratique journellement le double langage : ce qu'il dit est parfois très loin de ce qu'il pense. Mais pourrait-on vivre en société en disant toujours ce que l'on pense ? D'où l'invention de la confession par l'Eglise pour essayer de sonder les âmes... 
Ce même sculpteur libre-penseur peut également suggérer que ce que l'on nous enseignait dans ce lieu n'était pas obligatoirement "paroles d'évangile".
L'humour va parfois encore plus loin, et certains chapiteaux de Saint-Pierre font entrer dans les oreilles les rinceaux sortis de la bouche ou de la gueule : si ce que vous dites est souvent mensonges, ce que vous entendez l'est aussi, sachez-le...
Sagesse médiévale qui semble bien perdue.

Trois masques dans ce chapiteau, et les rinceaux pénètrent dans les oreilles.

Autre représentation :

*

12 - Monstre au sommet du mur du pignon ouest de l'ancien Hôtel-Dieu Saint-Jean.

*


13 - Cadran solaire, mur sud de l'ancien Greffe de la Baronnie, 42, place du Marché.


*

14 - Cadran solaire, pignon sud de l'immeuble au 1 place du Marché, entrée de la rue Dovalle.


Ce grand cadran solaire a été sauvé en mars 2002 à la suite de l'initiative de l'Association montreuillaise des Vieux Cailloux qui prit en charge les frais de peinture. Les propriétaires, Claudine et Gérard Dommée, faisaient alors restaurer leur belle demeure du XVIème siècle par l'entreprise de Robert Lescureux. Jimmy Sigogne recreusa les éléments du cadran qui avaient quasiment été effacés par le temps, le temps éternellement fluide que ce cadran était chargé d'indiquer aux passants.
Les Vieux Cailloux, association créée au début des années 1980 par Jacques Guézénec, s'était donné comme but d'interpeller les Montreuillais pour les inciter à protéger leur patrimoine menacé. La démolition de l'hôtel de la Galère, en centre-ville, et la construction d'un lotissement iconoclaste devant la belle ligne des remparts de la Perruche avaient été à l'origine de cette création.
Les Montreuillais doivent aux Vieux Cailloux le sauvetage de la vieille maison de la rue des Lauriers, aujourd'hui magnifiquement réhabilitée, et surtout celui de l'ancienne église des Grands Augustins - longtemps occupée par un garage de réparations pour les automobiles - qu'ils avaient louée pour des conférences et expositions avant qu'un mécène prît le relais pour lui rende sa splendeur d'antan. Toutes deux devaient être démolies.

15 - Cadran solaire, 5, rue de la Mairie.


Curieux cadran solaire si la lune a remplacé le soleil ; de même sa situation sud-est ne lui permet pas d'indiquer l'heure longtemps dans la journée.

 Les os alignés sont visible au haut du mur donnant sur la rue à gauche du cliché.
Le cadran solaire est au-dessus de l'ancien portail d'entrée de l'hôtel, devenu une fenêtre.

Il faut aussi signaler que ce même immeuble présente dans son mur de la rue du Bellay une série d'os bizarrement alignés. Autrefois, c'était un hôtel, comme le rappelle un balcon donnant sur la cour intérieure, balcon qui permettait d'accéder dans les chambres à l'étage. Le portail sur la rue de la Mairie, par lequel les voitures pénétraient dans cette cour, a perdu de sa hauteur à la suite de l’exhaussement de la chaussée au cours des siècles. Ces os pourraient évoquer une "auberge rouge" pour prévenir toute grivèlerie d'hôtes indélicats, mais ils sont de moutons, et non pas humains.
Pouvaient-ils retenir une vigne qui courait au haut du mur exposé au sud ?
Le 23 octobre 2012 : Jacques Guézénec, "mon" président des Vieux Cailloux, vient de m'écrire que des visiteurs du Sud-Ouest lui ont dit que ces os étaient des points d'attaches pour mettre le chanvre à sécher, celui-ci étant destiné à la confection de cordes.

*
16 - Ornementation d'une clé de linteau de porte d'entrée, 152, rue Porte-Nouvelle.



*

17 - Corbeau sculpté, immeuble XIXe siècle, non numéroté, face au 193, rue Nationale.


*

18 - Niche, façade nord-est de la Porte dite Nouvelle, rue de la Porte-Nouvelle.


Cette niche au-dessus du passage entre les deux tours latérale de la Porte de ville, abritait autrefois une vierge qui accueillait les pèlerins qui entraient dans la ville close, venant de Saumur par la rive droite du Thouet, cheminement normal jusqu'à l'ouverture de la nouvelle route par la rive gauche. Il existe aussi de ces niches à la façade sur rue de maisons particulières. Comme ci-dessous, proche de la précédente, au 147 de la Porte-Nouvelle.


*

19 - Chapiteau de l'homme qui marche, abside de l'ancienne église Saint-Pierre, rue Georges-Girouy.


Voilà en vérité un curieux individu à la marche volontaire. Ce personnage se rencontre surtout dans la péninsule ibérique et semble vouloir représenter les envahisseurs/occupants, souvent diabolisés, que furent pendant des siècles les arabes pour l'Eglise catholique. Nos instituteurs nous ont appris qu'ils ont hanté notre région au VIIIe, le mythique Poitiers n'étant qu'à 80 kilomètres de Montreuil-Bellay. Il est peut-être lieu de rappeler ici qu'il y a abus de vocabulaire quand on parle "d'arabes". Il faudrait plutôt parler de musulmans, car c'étaient principalement des berbères islamisés de Mauritanie tingitane - aujourd'hui le Maroc - conduits à partir de 711 par quelques chefs arabes pour conquérir l'Europe occidentale. Rappelons que l'un de ces valeureux guerriers berbères, Tarik (parfois écrit Tarak) Ibn Ziyâd, a donné au passage son nom au massif montagneux qui dominait la plage sur laquelle son armée avait débarqué : Gibraltar (Jjebel Tarik - ou Tarak - جبل طارق).

Voir aussi le cliché 11 et l'historique du site au cliché 9.
*

20 - Armoiries de la ville, 163, rue Rasibus.


Voir aussi cliché 1.
*

21 - Une locomobile, 154 de la route de Doué. 


Retrouver l'histoire développée de cette locomobile en cliquant sur ce lien :
http://jacques-sigot.blogspot.fr/2012/05/une-curiosite-montreuillaise-la.html