30 avr. 2011

Nul n'est prophète en son pays

Nul n'est prophète en son pays, nous dit la sagesse populaire, et ce n'est pas moi qui pense le contraire. Je puis vous l'illustrer à l'instant...
Par courrier du 11 mars 2011, Monsieur le Préfet de Maine-et-Loire m'annonçait que par décret du 1er mars, pris sous le rapport du ministre de l'Education Nationale, j'étais nommé dans l'ordre des Palmes académiques au titre de la promotion du 1er janvier précédent... et m'en félicitait.
Je reçus mon diplôme le 31 du même mois.
Puis, à ma grande et heureuse surprise... je l'avoue, d'autres félicitations se succédèrent...
Le 9 avril, c'étaient celles de M. Christophe Béchu, président du Conseil général du département, en son nom personnel et en celui de l'Assemblée départementale ;
le 13 avril, celles de M. Michel Piron, député de Maine-et-Loire et Conseiller général du canton de Thouarcé ;
le 29 avril, celles de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale.
Le 23, j'avais reçu celles de M. Dominique Monnier, "mon" Conseiller général, rencontré lors de la cérémonie sur le site de l'ancien camp de la route de Loudun en hommage aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale.

Elle avait déjà donné...
Ma surprise de découvrir qu'une telle nouvelle soit ainsi communiquée... et donc connue.
Nos édiles municipaux ne doivent pas être au courant si j'en crois l'assourdissant silence de la mairie de Montreuil-Bellay. A moins que... Il est vrai que la maire avait pris les devants dès le 13 janvier en précisant dans le journal que le quelconque individu qu'elle me disait être n'avait jusqu'ici travaillé sur l'histoire de sa commune que par mal de reconnaissance. Voir Polémique et Anecdotes et humeurs montreuillaises. Il n'était donc nul besoin d'en ajouter une louche, comme le dit encore la sagesse populaire.

Si son statut lui a permis d'exprimer son humeur dans la presse, afin que tout le monde le sût, même au-delà des limites de "son" territoire, je puis de mon côté épancher dans ce modeste blog le "désespoir" d'un inconsolable et quelconque Montreuillais...

24 avr. 2011

Un monument pour le camp de Montreuil-Bellay

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Le samedi 23 avril 2011, comme chaque année depuis 1990, a lieu sur le site de l'ancien camp de concentration de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) la cérémonie officielle et nationale en hommage aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale.
Cette année, la cérémonie revêt une importance spéciale après que le site a été classé en juillet 2010 à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Dans son discours, le sous-préfet de Saumur signale qu'un appel d'offre sera réalisé auprès d'artistes français et internationaux pour réaliser une sculpture qui rendra hommage à ces hommes, ces femmes et enfants tsiganes dont le drame a été si longtemps oublié, voire occulté.

Samedi 23 avril 2011, une journée particulière...

La cérémonie officielle sur le site du camp


Des familles tsiganes attendent l'arrivée des officiels à proximité de la stèle. Elles ne sont jamais nombreuses, gênées par la pompe de la cérémonie. Elles préfèrent venir se recueillir sur ce site de vieilles souffrances lorsqu'il n'y a personne, certaines se risquant à graver un nom dans l'ardoise pour laisser une trace, pour dire...


Les officiels ont officié : discours, musique, dépôt d'une gerbe. Sont présents cette année : Monsieur Abdel-Kader Guerza, sous-préfet de Saumur, Monsieur Michel Apchin, maire de Saumur et président de Saumur Agglo, Madame Jocelyne Martin, maire de Montreuil-Bellay, Monsieur Dominique Monnier, conseiller général du canton, Madame Fatimata Amy, conseillère générale, responsable des Gens du voyage pour le département, Monsieur Jean-Michel Marchand, conseiller général, et Monsieur Tony Bauer, président de l'Association Nationale des Victimes et Familles de Victimes Tsiganes déportées.


La cérémonie est terminée, les officiels, maire en tête, quittent le site, l'Histoire est désormais en marche forcée... alors que les anonymes, encore sous la surprise de la grande nouvelle annoncée par le sous-préfet, sont encore en place.

La sortie de la 4ème édition du livre sur le camp

Photo Olivier Müller

Cette année, comme en 1988 lors de l'inauguration de la stèle qu'elle avait aidé à financer, est présente Françoise Mingot, mon éditrice. Quant plusieurs éditeurs avaient refusé mon manuscrit, le sujet n'étant pas susceptible d'intéresser qui que ce fût, m'avait-il été répondu, elle avait accepté, en juin 1983, de publier la première édition de mon ouvrage sur ce camp de concentration français. Est sortie hier après-midi, 22 avril, la quatrième édition chez un imprimeur tourangeau.

Cette 4ème édition, qui reprend intégralement celle de 1994 épuisée, est enrichie du classement du site, et surtout, de toutes les archives que les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie m'ont communiquées, des sœurs ayant aidé les nomades tout au long de leur internement, vivant même dans un baraquement du camp.
La couverture est illustrée d'une photographie qui m'a été récemment adressée par Alexandre Florès. Sa maman est à gauche à l'arrière-plan, photographiée avec une sœur et deux frères devant la clôture de barbelés.
Pour les éditions Wallâda : http://www.wallada.fr/actualite.php

Photo OLivier Müller.

Je dédicace le premier exemplaire de cette 4ème édition à Monsieur Abdel-Kader Guerza, sous-préfet de Saumur.

Deux expositions

Profitant de cette journée mémorielle, l'AMCT (l'Association des Amis du Camp Tsigane de Montreuil-Bellay) organise plusieurs manifestations dans l'amphithéâtre du Lycée Agricole, son proviseur l'ayant aimablement mis à notre disposition.

- C'est d'abord une exposition de photographies du site actuel du camp prises par Cédric Vigneault, fils de l'ancien principal adjoint du collège Calypso de Montreuil.

- Puis une exposition pédagogique sur le camp de Montreuil-Bellay et sur d'autres camps, panneaux préparés par Stéphanie Lemoine dont le grand-père a été étalonnier dans le canton aussitôt après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Une conférence

Photo Olivier Müller

- Puis je donne une conférence en deux parties :
L'une sur l'histoire connue des Tsiganes que l'on dit originaires de l'Inde, et sur les différents noms qui leur sont donnés (Roms, Mânouches, Sintés, Gitans, Bohémiens, Romanichels...) ; les premiers sont apparus en France en 1419. Il faut aussi citer les Yénishs qui ne sont pas Tsiganes, puisque d'origine européenne, qui ont nomadisé suite aux ravages de la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
L'autre sur l'internement de ceux que la loi du 16 juillet 1912 a appelés "nomades".
Pendant le débat qui a suivi la conférence, la dernière diapositive affiche encore : Il n'y a d'autres murs et barrières pour l'homme que le ciel ! Tout ce qui est de la terre en terre lui appartient pour marcher dessus. Là où son pied le porte, il a le droit d'aller. Paul Claudel (Le Soulier de satin)

Photo Olivier Müller

Sandrine Renaire, présidente de l'AMCT, et Jean Richard, son oncle,
dont la famille a été internée dans le camp de Montreuil-Bellay.


Un concert


- C'est enfin, pour clore les animations, un concert de jazz mânouche donné par le Lanlan Weiss Trio.

Un film

Photo Olivier Müller

Tout au long de la journée, Alexandre Fronty a tourné des séquences pour un documentaire qu'il réalise pour la chaîne LCP AN (Assemblée Nationale). Il a ainsi rencontré plusieurs Voyageurs dont les familles ont été victimes du camp de Montreuil-Bellay. Avant que tout ne disparaisse.
Mais le sillon qui se creuse jour après jour ne pourra plus d'effacer...