6 févr. 2011

Montreuil-Bellay, une nouvelle entrée dans la ville

Qui longe la place Toussenel, au haut de l’avenue du Pont-Napoléon, imaginerait difficilement que cette entrée dans la vieille ville n’est pas très ancienne. Il suffit pourtant de regarder le pied des maisons qui la bordent et de découvrir plusieurs marches plus ou moins nombreuses avant de pénétrer dans les rez-de-chaussée pour constater que quelque chose à changé.
Flèches jaunes en pointillés : Marches conduisant aux rez-de-chaussée.
Flèche jaune pleine : Rocher primitif sous l'ancien café Moreau.

Cette place n’existe que depuis 1772. Auparavant, on arrivait de Saumur par la rive droite du Thouet, et non pas par l’autre rive comme aujourd’hui. Une rue conduisait de la Porte Nouvelle à la Porte Saint-Jean d’où l’on continuait vers Thouars.

Pour Passer le Thouet.
D'hier à aujourd'hui
Au Moyen Age, le voyageur venant d’Angers descendait la rue Chèvre, retrouvait au bas du coteau un piéton ou un charroi arrivé de Saumur via Le Coudray-Macouard. Tous deux traversaient le Thouet par un gué en amont de la Tour du Boëlle. Alors, soit ils montaient dans la ville haute par la rue du Tertre, entre le château et la place du Marché, soit ils contournaient l’escarpement au bas de l’Ardenne pour continuer vers Thouars ou Loudun.
Au XVème siècle, les seigneurs construisirent une ligne de ponts parallèles au gué.

Deux ponts alignés joignaient les deux rives en s'appuyant sur une île centrale. Rive droite, le pont accostait entre la tour du Boëlle et un poste de péage, aujourd'hui l'Auberge des Isles, non représentée ci-dessus. (Peinture sur une poutre de la Maison Dovalle)

Il reste plusieurs plusieurs arches ruinées contre la rive gauche et des piliers dans le lit de la rivière.

Lorsque ces ponts successifs s’effondrèrent en 1577, un bac – on disait alors charrière – transborda piétons et charrois d’une rive à l’autre au niveau de la Porte du Moulin.


















Sur la gauche de ce dessin de 1699 de Gaignières, le bac qui allait de la rive gauche du Thouet au pied du moulin du château, rive droite.





















Ancien terre-plein d'accostage de la charrière rive gauche du Thouet.


En 1710 fut enfin décidée la construction d’un nouveau pont, à l’emplacement de l’actuel, mais adossé à la rive gauche. Après l’avoir traversé, on gagnait la ville haute en longeant la propriété de la Minotière et en empruntant les douves pour atteindre la place des Ormeaux après avoir franchi la Porte des Fontaines aujourd’hui complètement disparue.

Plan daté de 1772 avec indication de la traversée du Thouet avant le percement de la rampe.
- A : Entrée du pont (1710) rive gauche pour les voyageurs venant d'Angers ou de Saumur.
- B : Contournement de la Minotière.
- C : Ancienne porte des Fontaine. La rue des Douves se trouvait alors plus basse que l'actuelle.
- D : Place des Ormeaux.
- E : Nouvelle place Toussenel. Laflèche vers la droite conduit à la Porte Saint-Jean pour gagner Thouars ou Loudun.


C’est en 1772 que fut percée la rampe de l’avenue du Pont-Napoléon qui permit l’accès direct à la ville close. Pour adoucir la pente, on abaissa le sommet jusqu’à l’Hôtel de Londres devant lequel on retrouve le sol primitif. D’où toutes ces marches pour conduire aux rez-de-chaussée qui rappellent le niveau primitif visible encore dans le soubassement rocheux de l’ancien café Moreau.
Le pont de 1710 s’effondra à son tour en 1798, provoquant la construction, en 1810, de l’actuel pont dit Napoléon, cette fois au milieu du lit du Thouet.

Le 29 août 1944, ce nouveau pont fut détruit à son tour par les Allemands qui fuyaient la région devant l'avancée des Alliés. Une traversée du Thouet fut aménagée légèrement en amont de la chaussée du moulin de la Salle mais la passerelle, mal agencée, fut emportée par la première crue de la rivière.
Une passerelle plus solide et mieux arrimée fut accolée au pont Napoléon. Elle servit jusqu'au 10 février 1948, date de l'inauguration de l'ouvrage rebâti. On avait profité de sa reconstruction pour l'élargir.

"Marcher au pas", est-il indiqué à l'entrée de la passerelle provisoire accolée au pont Napoléon ruiné depuis août 1944.

Passants, automobilistes qui avez à faire dans le vieux bourg, ou qui avez choisi de le traverser plutôt que d’emprunter la moderne déviation, voyez ces marches. Elles ont une histoire que vous connaissez maintenant.

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